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Westvleteren

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Abbaye de Westvleteren
Le Monastère de N.D de Saint Sixte est situé dans la Flandre Occidentale.

L'abbaye se situe à environ 4 kilomètres du village de Westvleteren et à égale distance de Poperinghe ; à 12 kilomètres de la ville d'Ypres devenue si célèbre depuis la grande guerre. L'Abbaye N.D de Saint Sixte n'est éloignée de Sainte-Marie-du-Mont, que de 18 kilomètres.

Au début du XIXème siècle, une forêt épaisse couvrait encore l'emplacement de l'Abbaye de Saint Sixte et c'est une chapelle située dans cette forêt, qui donna son nom au monastère.

Depuis 1814, vivait dans cette solitude, un pieux ermite : Jean Baptiste Victoor, négociant en houblon né à Reninghelst le 22 Octobre 1756, qui n'était pas sans fortune et dont l'ambition fut de pouvoir fonder un couvent en l'honneur de la Vierge Marie. C'est dans ce dessein qu'il avait acheté une douzaine d'hectares tout autour de son ermitage. Mais comment réunir une communauté ?

Il comprit vite que par lui même, il ne pourrait jamais y parvenir. Il s'adressa alors à Dom Germain, Abbé de N.D du Gard (près d'Amiens) et lui fit part de ses désirs. Les conditions qu'il proposait ayant été agréées par le prélat, une petite colonie de moines dépendant de l'abbaye de N.D du Gard quitta le prieuré du mont des cats tout proche, ou elle était hébergée, et se mit en route pour la forêt de Saint Sixte. Elle avait à sa tête, comme Supérieur, le révérend père François Marie Van Langendonck. Le 4 Novembre 1831 marque la date de la fondation, car c'est en ce jour que la première messe solennelle d'actions de grâce fut célébrée dans le pauvre bâtiment mis à la disposition des nouveaux venus par leur bienfaiteur. Jean Baptiste Victoor ne vécut d'ailleurs plus longtemps après l'arrivée des moines puisqu'il décéda le 8 Mai 1832. En 1863, un modeste monument fut érigé dans l'Eglise pour évoquer à jamais son souvenir.

Abbaye de Westvleteren
L'abbaye (II)

Les premières années de la fondation furent éprouvantes car il fallut rendre le terrain libre en abattant une grande quantité d'arbres et en défrichant un sol ingrat et humide. En 1833 la communauté se compose de 11 moines, ils seront 23 en 1835.

Le Monastère de N.D de Saint Sixte dépendait de N.D du Gard qui l'avait fondé ; mais, le 22 Avril 1836, un décret pontifical érigea Westmalle en Abbaye, et lui subordonna tous les Monastères Cisterciens de Belgique. Le Monastère naissant reçut de Westmalle plusieurs religieux et en particulier celui qui devint son second prieur, Dom Dosithée Kempeneers.

En 1838, Dom Dosithée décida de créer une Brasserie et le 15 Juin 1838, un matériel brassicole d'occasion fut acheté. En 1850, Dom Dosithée accepta les offres de fondation qui lui furent faites par le prince de Chimay, et envoya un essaim de religieux fonder, à Forges-lez-Chimay, l'abbaye Notre Dame de Scourmont. En 1871, Saint-Sixte, qui n'était encore que Prieuré, fut érigé en Abbaye. Le premier Abbé titulaire, Dom Benoît Wuits, ne fit que passer ; il resta à peine un an. Venu de Westmalle, il y fut rappelé par ses anciens confrères pour succéder à leur abbé défunt. Depuis, plusieurs Abbés se sont succédé et l'Abbaye a traversé les guerres et les tourments sans se détourner de son but originel. Entre vingt-cinq et trente moines résident aujourd'hui à l'abbaye.

La devise de l'abbaye "Beata Solitudo, Sola Beatitudo" (heureuse solitude, solitaire béatitude) rappelle aux passants la vocation de l'abbaye : prière et méditation.

moines dans la brasserie de Westvleteren dans les années 1930.
La brasserie du monastère... 

En 1838, Dom Dosithée décida de créer une Brasserie et le 15 Juin 1838, un matériel brassicole d'occasion fut acheté pour 919 francs. La brasserie sera construite au sein même de l'abbaye, et le premier brassin sera réalisé au printemps 1839. Jusqu'en 1871, l'année ou le prieuré fut élevé au rang d'abbaye par l'évêque de Bruges, cette bière fut exclusivement réservée à la consommation des moines. La brasserie fut ensuite modernisée et, en 1877, la bière commença d'être commercialisée.

En 1927, le père Dom Bonaventure De Groote, dont le long abbatiat (1910-1943) marquera profondément la communauté, fait restaurer les bâtiments de l'abbaye et apporte par la même occasion, une série d'améliorations à la brasserie. Mais, après la deuxième guerre mondiale, le père Gerardus estime que la présence d'une brasserie trop grande serait de nature à déranger l'esprit monacal. Il prend dès lors une série de mesures qui freinent sensiblement l'expansion de la brasserie de Westvleteren.

En 1946, un accord est passé avec la brasserie St Bernard de Watou. La brasserie St Bernard produirait une bière selon le procédé trappiste. Seule cette dernière,  serait écoulée par l'intermédiaire du circuit commercial.

La capacité de production de la brasserie abbatiale est ramenée aux stricts besoins de la communauté, soit 3500 hl environ. Les cafés et auberges, proches de l'abbaye et appartenant à celle ci seront vendus, sauf le café "In De Vrede" situé en face du monastère.

Aujourd'hui, les mesures prises par le père Gerardus sont toujours d'application. Environ cinq moines travaillent à la brasserie, ce nombre pouvant augmenter lors des soutirages et la brasserie est désormais conforme aux standards modernes de production.

Les bières ne sont en vente qu'à l'abbaye, durant quelques années dans un magasin située à gauche de l'entrée de l'abbaye, dans lequel il était possible d'être livré directement dans le coffre de son véhicule automobile, un "drive-in" monastique en quelques sorte. Désormais uniquement via une inscription en ligne, par le site web de l'abbaye.

Les bières étaient vendues en casier de bois, désormais en  pack cartonné de 6 bouteilles ne comportant pas d'étiquette et étant différenciées par la couleur de leur capsule. En dehors de ce magasin, le café "In de vrede" situé face à l'abbaye effectue aussi quelques ventes à emporter et surtout propose la carte complète des bières ainsi qu'une petite restauration.

moines dans la brasserie de Westvleteren dans les années 1930.
Plaque de tonneau St Sixtus
Curieux mélange de langues et une faute...
Père versant de la bière à un visiteur
La brasserie (2/2)
 
En Juin 2005, le site internet américain Ratebeer a placé la bière Westvleteren Abt en tête de son classement, la qualifiant ainsi de "meilleure bière du monde".
 
Cette information diffusa rapidement et fut abondamment relayée par de nombreux supports médiatiques, dont plusieurs sites internet américains et européens.
 
Le classement de Ratebeer, dans lequel on note une prédominance de bière à forte teneur en alcool fortes, est probablement biaisé par une grande proportion d'évaluateurs américains, et seul un effet de mode peut permettre d'expliquer cet engouement.
 
Interrogé à ce sujet par le journal belge "L'Echo", Guy Claus, l'ancien propriétaire de la brasserie St Bernardus à Watou, estimait avec raison que ce genre de classement n'est pas toujours très sérieux.

Quoiqu'il en soit, la concordance de ces évènements conduisit, courant 2006, à une véritable ruée vers la brasserie, tant de résidents belges qu'américains, anglais, néerlandais pour ne citer que les principaux. On nota, certains jours, une file d'attente de plusieurs heures, des centaines de voitures s'étant accumulées sur les petites routes de campagne menant à l'abbaye. Après avoir mis en place divers moyens de régulation, les moines ont finalement adopté une livraison limitée par personne ainsi que, depuis septembre 2006, un système de réservation par téléphone (et désormais par Internet), afin de mieux préserver la tranquillité des lieux et d'éviter autant que possible les encombrements.

Il est vrai que l'abbaye et sa brasserie font l'objet d'un véritable engouement. Des visites guidées touristiques (payantes) sont organisées par certaines personnes extérieures à l'abbaye, vantant tout à la fois, la qualité exceptionnelle de la bière, la beauté du paysage environnant et l'excellence de la cuisine servie au café de l'abbaye... Ces appréciations sont excessives.

L'ancien café "In de Vrede" possédait le charme rustique d'un vieux café de campagne flamand, mais celui ci fut détruit en 1999. Le nouveau bâtiment très moderne a perdu cette chaleur caractéristique, et ce côté populaire, il possède désormais une capacité d'accueil nettement plus importante. L'acoustique des lieux, lors des afflux de visiteurs, montre ses limites, l'endroit devenant rapidement très bruyant. Le café a définitivement perdu son âme flamande typique.

Quelques "amateurs" appelèrent de leurs voeux une forte augmentation de la production de bière afin que les moines utilisent cette source de bénéfices supplémentaires pour augmenter les oeuvres sociales de l'abbaye. Ce fut un exemple de la méconnaissance des valeurs que les moines de Westvleteren entendent respecter au quotidien. Les voyages organisés, la revente (interdite par l'abbaye), quand ce n'était pas la vente aux enchères, des bières de Westvleteren tant en Europe qu'aux Etats Unis d'Amérique, ont montré à quel point l'ignorance et la cupidité avaient rapidement pris le relais. Il en va ainsi de toutes les modes, car on sait que la diffusion rapide d'un phénomène de mode est due essentiellement à sa médiatisation et à son exploitation mercantile. La passion l'a emporté sur la raison dans le jugement de certains amateurs de bière, le phénomène de mode a fait le reste.

On pourra toujours se tourner utilement vers le site web du café "In De Vrede" (localisation, horaires...) ou sur le site web de l'abbaye.

Laissons Frère Joris conclure ce débat sur la "folie" au sujet des bières de son abbaye.

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