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Westmalle

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Vue de l'abbaye de Westmalle en 1802
C'est dans les plaines de la campine anversoise qu'est situé le monastère de Notre Dame du Sacré-Coeur 

 

C'est à la révolution française que nous devons aujourd'hui l'existence de l'abbaye de Westmalle. En effet, la Révolution ayant supprimé tous les monastères en France, un groupe de moines de l'abbaye française de Notre-Dame de la grande Trappe, s'était réfugié en Suisse, à la Val-Sainte, sous la direction de dom Augustin de Lestrange. C'était en Avril 1791. Il avait été convenu, avec le Sénat de Fribourg, que sa communauté ne dépasserait pas vingt-quatre membres, mais les postulants, attirés par la réputation de sainteté des moines exilés, affluaient de toutes parts : il fallut songer à créer de nouveaux monastères.

Dom Augustin se décida alors à essaimer en Amérique, où le catholicisme faisait des progrès. Le 28 Août 1793, il mit en route trois religieux. Tandis qu'ils faisaient halte à Gand, lors d'une tournée de quêtes pour leur monastère de la Val-Sainte, avant leur départ pour l'Amérique, ces trois religieux entrèrent en contact avec Monseigneur Nélis, l'évêque d'Anvers, lequel leur fit savoir qu'il serait très heureux d'avoir des trappistes dans son diocèse et leur demanda de s'y établir.

Les religieux, qui avaient pour mission d'aller en Amérique, et non pas fonder un monastère en Belgique, consultèrent leur abbé, qui les autorisa à répondre aux désirs du prélat. Un riche négociant, M. De Wolf, ouvrit alors une souscription qui permit d'acheter, à 16 Kilomètres d'Anvers, près de Westmalle, un terrain propice à l'établissement d'une abbaye, qui était connu sous le nom de " Nooit Rust ", c'est à dire "Jamais de repos"...tant ses terres étaient ingrates à cultiver. Tout allait alors pouvoir commencer...

Vue de l'abbaye de Wesmtalle vers 1830
L'abbaye (II)

Le 6 juin 1794 marque la date "officielle" de la fondation du monastère de Westmalle. La nouvelle fondation devait comprendre, à ce moment, environ douze membres.

 

Les trappistes y étaient à peine installés qu'ils durent fuir devant les armées françaises, envahissant la Belgique. Ils se réfugièrent dans des monastères en Westphalie.

Mais Westmalle demeurait abandonnée depuis sept ans.

En 1802, profitant d'une époque où Napoléon Premier se montrait bienveillant à l'égard des religieux, Dom Augustin envoya quelques moines de Darfeld qui rétablirent le monastère au même lieu. Celui-ci fut toléré par le gouvernement français.

En Juillet 1811 l'Empereur supprima les Trappistes dans toute l'étendue de ses états ; ceux de Westmalle durent donc se disperser de nouveau. Pourtant, les biens immeubles du monastère furent conservés et trois religieux continuèrent, en habits séculiers à veiller aux intérêts de la fondation.

Ces trois religieux purent rester grâce à l'intervention de notables et nobles locaux. La date du 21 Août 1814 marque le retour définitif des religieux à ND du Sacré Cour ; c'est l'ère de prospérité qui commence. Westmalle fut le premier monastère de Belgique restauré après la révolution.

Sous l'occupation hollandaise de 1815 à 1830, les catholiques furent malmenés en Belgique. En 1818, un décret du gouvernement interdisait les ordres contemplatifs, tolérait les ordres enseignants et n'acceptait que les ordres hospitaliers. De plus, le nombre de religieux dans une communauté était limité à vingt. Westmalle eut le privilège de garder quarante religieux et d'avoir son monastère légitimé.

En 1836, le monastère qui n'était encore que prieuré, fut élevé par le pape Grégoire XVI, au rang d'Abbaye. Le premier titulaire fut Dom Martin, qui devint vicaire général des trappistes en Belgique. C'est sous son abbatiat que Saint Sixte passa sous l'autorité de Westmalle, en 1836.

Les années s'écoulèrent, dans une relative prospérité, et c'est en 1934 qu'une immense nouvelle brasserie fut construite avec les aménagements les plus modernes pour développer la production de bière qui, depuis cent ans, n'était faite que pour les moines.

La brasserie de Westmalle vers 1920
La brasserie du monastère... 

L'abbaye connut d'importantes extensions : on y adjoignit une pharmacie, une imprimerie, une bibliothèque, un atelier de tissage et... une brasserie. La première brasserie de l'abbaye de Westmalle remonte à 1836, et sa construction démarra le 1er Août. Celle ci fut achevée la même année. Les premiers brasseurs furent effectivement les moines, et l'on doit beaucoup au père Bonaventura Hermans, docteur en pharmacie possédant la connaissance des plantes, ainsi qu'au père Albericus Kemp, qui avait préalablement travaillé dans une brasserie.

Ce dernier était par conséquent familier avec le maniement des ustensiles et équipements et cela aida beaucoup.

Le premier brassin fut dégusté le 10 décembre 1836 dans le réfectoire des moines. Le registre des comptes indique que ce fut un tonnelier de Westmalle, Adriaan Weens qui livra les 12 tonneaux de bois qui servirent aux premiers brassins, pour la somme de 130,91 francs belges, dont il ne reçut que cent francs, car les moines ne pouvaient pas payer plus...

Dès le début, des droits d'accises furent acquités. Ceux ci s'élevaient en 1856 à 22 francs par brassin de bière blanche et à 43 francs pour la bière brune. Des ventes de levures étaient organisées, qui rapportaient jusqu'à 11 francs par brassin. La commercialisation de la bière commença réellement vers 1861 : les moines de westmalle savaient bien que Chimay avait commencé à commercialiser depuis 1859, et cela avait fait l'objet de nombreuses réflexions à Westmalle. Il y avait alors à Westmalle un moine, le frère Ignatius Van Ham, un prussien, qui avait une expérience de brasseur et était arrivé avec un certain nombre de ses outils.

Vers 1860, la vente de Westmalle est irrégulière. Les livres de comptes font mention de la vente de bière brune pour soixante francs belges le 1er Janvier 1861. En 1865 le père Van Ham décide d'agrandir les installations afin de financer les nouvelles fondations au Congo. En 1897, la capacité de la brasserie est donc augmentée, avec l'installation d'une nouvelle cuve de brassage de 40 hectolitres. En 1901, quelques tracas administratifs obligent les pères à régulariser et à officialiser le réaménagement de la brasserie. Tout est réglé dès le 25 Juillet de la même année.

La brasserie de Westmalle en construction en 1934
La brasserie (2/3)
 
La grande guerre met un frein aux activités de l'abbaye, qui reprend activement à partir de 1921. Les propres besoins de l'abbaye, l'incertitude de l'époque qui connaît une crise économique conduisent le père Tarcisius à prendre la décision d'augmenter le rendement de la brasserie, seul moyen de faire face aux défis que pose l'avenir à la communauté de Westmalle.
En 1926 et 1929, un homme du nom de Hendrik Verlinden vient en aide aux trappistes de Westmalle qui éprouvaient des difficultés avec leurs bières Dubbel Bruin et Extra Gersten .

Celui ci fondera également sa brasserie et lancera les fameuses bières Witkap Pater, à l'origine de dissenssions avec l'abbaye.

Des agrandissements sont réalisés, mais il est nécessaire de construire une nouvelle brasserie. Cette décision est prise le 2 Septembre 1933, lorsque la communauté, réunie en Chapitre, approuva la construction d'une brasserie entièrement nouvelle. Le 5 Janvier de l'année suivante, la construction de celle ci put commencer.

C'est à partir de ce moment qu'on démarra à plus grande échelle la commercialisation de la bière de Westmalle. Une source de revenus stable venait d'être trouvée par l'abbaye et lui permettrait aussi de mener à bien ses oeuvres sociales. La construction dure environ un an, pendant lequel l'ancienne brasserie continue de fonctionner. En 1934, la nouvelle brasserie, au faite de la modernité, commence à produire la bière trappiste.

Parallèlement, en Juin 1932, Edmont Oms, le prieur de l'abbaye de Westmalle dépose le mot "trappistenbier" pour les bières de Westmalle. Ce dépôt de nom est effectué de nouveau en 1933 par l'ASBL Abbaye de Westmalle. Le 19 novembre 1935, Westmalle dépose le modèle d'une bouteille de bière sur le goulot de laquelle sont sablées les lettres A et W ; le 28 décembre de la même année est déposée la bouteille qui est toujours utilisée actuellement.

On produit alors principalement les bières suivantes : L' "Extra", la "Dubbel Bruin" et la "Blond". La "Triple" est lancée dans les années 1950 en remplacement de la "blond" et connaîtra le grand succès que l'on sait. Elle a parfois été dénommée "La mère de toutes les Triples".

Etiquette de dépositaire Westmalle
La brasserie (3/3)
 
La fabrication est allée croissante au fil des ans. D'une consommation de 400 tonnes de malt en 1934, elle atteint aujourd'hui au moins 3500 tonnes servant à produire près de 130.000 hectolitres de bière. La brasserie offre des équipements constamment modernisés, les étapes de fabrication sont contrôlées par ordinateur, et la salle d'embouteillage offre des performances du meilleur niveau.
La brasserie emploie une quarantaine de personnes, toutes laïques.

La brasserie emploie une quarantaine de personnes, toutes laïques. «Quand j’ai commencé à travailler à Westmalle, en 1982, il y avait encore des moines à la brasserie, rapporte Jan Adriaenssens, directeur de production. Ils se sont retirés progressivement, alors que les processus gagnaient en complexité avec l’automatisation.»

Ce retrait des moines reflète sans doute aussi l’évolution des effectifs de la communauté: ils ne sont plus qu’une vingtaine aujourd’hui. Ils restent toutefois présents au conseil d’administration, où ils ont délégué deux de leurs membres, ainsi qu’à la fromagerie, où quatre d’entre eux effectuent tout le travail. Comme à Chimay ou à Orval, deux structures ont été mises sur pied: une société coopérative à responsabilité limitée pilote la brasserie, tandis que les bénéfices sont versés à l’ASBL propriétaire, détenue par la communauté. Une manière simple de faire la part des choses. (Source : Journal l'Echo, 06 Août 2007).

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